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Louis DEVALLERIE raconté par lui même

Louis DEVALLERIE

Adresse : 58210 CHAMPLEMY
Etat-civil : né le 02/05/1912 à PARIGNY-les-VAUX (Nièvre).
Veuf.
Deux filles : Denise et Françoise et deux petites filles
Passions : curiosité maladive pour tout : « Rien de ce qui est humain ... etc. »
Emerveillé par le vol des oiseaux.
Passion du vol : même enthousiasme qu'à 20 ans, quoique légèrement tempéré par ma longue expérience
Profession : Ingénieur « Arts et Métiers » (promotion CHÂLONS 1930-1932).
Retraité « Aviation » et « Machines Agricoles ».


Premier métier :

Assistant de l'Ingénieur en Chef de la SOCIETE FRANCAISE DE STEREO-TOPOGRAPHIE (octobre 1933 / mai 1934).

A ce titre je participe à la levée au 1/1000 ème des gorges du RHONE sur 10 km (projet du barrage de GENISSIAT).
Souvenir marquant, entre autres, de cette mission : une station sur le haut du clocher de BELLEGARDE (Ain)avec mon patron pendant une matinée, par - 17° ! Lui connaissait le froid : frais émoulu de Polytechnique de SAINT PETERSBOURG, arrêté par les Bolcheviks en 1917 alors qu'il faisait le tracé du pipe-line de BATOUM à BAKOU, il se retrouva, dans le CAUCASE, à 2000 m d'altitude, en plein hiver, avec seulement sa chemise sur le dos !


Intermède militaire : Artilleur à AUXONNE de mai 34 à mai 35.


Deuxième métier :

En mai 1935 : pas de boulot ( tout comme de nos jours !). Par hasard, je suis embauché à l'atelier de l'usine HANRIOT (pionnier de l'aviation) à BOURGES à 5,25 F de l'heure ! ( pointage à la pendule).
Cadres-ateliers : anciens ouvriers-serruriers.
Directeur : ancien adjudant, moniteur-pilote à l'école HANRIOT.
Pilote d'essais : Marcel HAEGELEN, authentique héros de la guerre 14-18.

Nationalisations de 1936 : FARMAN (Billancourt) + HANRIOT (Bourges) deviennent la SOCIETE NATIONALE de CONSTRUCTIONS AERONAUTIQUES du CENTRE.
Promotion : me voilà désormais « Attaché à la Direction du Contrôle », fonction polyvalente, payé au mois... mais semaine de 40 heures !
Poussé par un furieux besoin d'activité, j'entraîne une équipe de copains à construire, en 4 mois, un « Pou du Ciel » qui vole à NEVERS en 1936. Le Pou était indésirable à BOURGES : « Pas d'ailerons, pas de défense, vous allez vous casser la gueule ! ».
Un ancien pilote d'AVORD, qui avait monté une école de pilotage avec 3 « CAUDRON 109 / SALMSON 40 CV » nous avait,lui, accueillis à NEVERS. Nous passions les week-end à NEVERS et, en semaine, je volais, en double commande, à BOURGES, d'abord sur « HANRIOT 3211 » (à moteur rotatif Rhône 80 CV ... et 6 litres d'huile à l'heure !), avec FOUCAUD comme instructeur, qui deviendra un as de NORMANDIE-NIEMEN", puis sur « HANRIOT 410 / Lorraine 110 CV ».
A NEVERS, j'ai volé sur « CAUDRON LUCIOLE 100 CV RENAULT », avec mon camarade LAURIN.
Il m'emmena, un jour, à SAINT-AUBAN sur DURANCE, centre récent de VOL à VOILE ... et je me retrouvai, pour la première fois, tout seul en l'air, sur planeur "AVIA XI A" .
Après avoir établi les dessins permettant de réparer les 3 premiers « CURTISS P 3611 » ayant livré combat début octobre 1939, (personne, à l'usine, ne voulait s'en occuper !), je fus muté à l'usine de FOURCHAMBAULT, en janvier 1940 et promu "Attaché auprès du Directeur", un ancien ingénieur de l'usine de BOURGES.
J'étais surtout chargé de l'école d'apprentissage. N'étant pas d'accord avec la philosophie prônée par les Allemands, je quittai l'usine en juin 1940, dès leur arrivée dans le pays, bien que la Direction m'eût proposé la fonction de « Chef de Contrôle » !


Troisième métier :

Par hasard, encore, je repris, à CHAMPLEMY, une vieille affaire de Machines Agricoles qui avait introduit « Mack Cormick » dans la Nièvre en 1900 ! Je n'avais, évidemment, pas un sou, mais il y avait, deux enclumes et deux forgerons : cela compensait !
Mon épouse se transforma en cuisinière dans le vieil hôtel attenant à la forge. La voyant faire la vaisselle, le feldwebel allemand, venu m'espionner, s'écria : «C'est votre femme ? Pour une Française, elle est vraiment courageuse ! ».
Ce zèbre, journaliste à HAMBOURG, était anti-nazi et avait un frère Jésuite.
J'ai contribué à faire passer les paysans nivernais de l'âge magique à l'âge technique. J'ai vu disparaître, en 10 ans, les chevaux et les derniers boeufs de trait. J'ai surtout admiré les artisans et un « Compagnon-Charpentier » au village.
Ces hommes qui faisaient tout à partir de rien m'ont beaucoup appris. De nos jours, il arrive, hélas, que des hommes qui ne font rien à partir de tout, soient assez souvent admirés !

La nostalgie de l'Aviation m'habitait : j'avais connu la famille JO(ly)DEL(montez), à BEAUNE, en février 1949.
Les dessins du « Bébé JODEL » dormiront 35 ans dans un placard et, une fois à la retraite, (en 1984),je me mis à le construire en optant pour le profil d'aile 43012 : Jean DELEMONTEZ m'avait fait parvenir les cotes de ce profil qui équipe les « DR 400 » actuels.

Bébé Jodel

Mon « Bébé JODEL » a eu 10 ans le 19 mai 1996 (400 heures de vol actuellement !)

Papy BOYINGTON casqué, est en train de s'enfiler dans le cockpit du « Bébé JODEL » : le moteur tourne et le fidèle Thierry maintient la queue de l'appareil !


terrain de CHAMPLEMY


J'ai eu le privilège, en 1995, d'assister sur le terrain de CHAMPLEMY ( terrain privé que j'ai créé il y a maintenant 31 ans dans le but d'accueillir tous les amoureux du Sport de l'Air) et devant nos amis suisses (châtelains du village, et pilotes confirmés !) à une démonstration époustouflante du prototype de la Souricette, avec Willy GRUHIER aux commandes.
L'ami Willy signala l'existence de la piste de CHAMPLEMY à « Air Souris Set » qui décida d'y organiser son premier Rassemblement national.
C'est ainsi que j'ai eu le très grand plaisir de faire la connaissance d'une partie des membres de l'association, et de Michel BARRY, en particulier, que je ne connaissais que de réputation.
Je revivais le renouveau de l'Aviation populaire de mes années de jeunesse grâce à la « Souricette » de Michel BARRY et à la sympathique Association « Air Souris Set ».
Autre grand plaisir l'on me nomma Membre d'Honneur (*) d' « Air Souris Set ». Sachez que cette distinction me touche beaucoup et que je ferai tout mon possible pour en être digne.

Louis DEVALLERIE

(*) : l'équipe d'Air Souris Set, m'a aussi, malicieusement ,surnommé « Papy BOYINGTON » !
D'après la rubrique « ki-é-ki-é-ki-fé-koi » du bulletin Air Souris Set n°7


« Papy BOYINGTON »: explication de texte

« Pappy » BOYINGTON

Le véritable Grégory « Pappy » (*1) BOYINGTON, pilote de chasse, héros iconoclaste de la 2ème guerre mondiale dans le Pacifique, est assez connu. Il avait absolument tout fait pour mourir jeune : combats aériens, multiples crash en avions, bagarres, beuveries, femmes de petites vertu, détention dans les camps japonais, etc.
Malgré toutes ces activités périlleuses, Grégory BOYINGTON ne tira sa révérence, dans son lit, qu'à l'âge de 76 ans, en janvier 1988 !
En 1958, il avait raconté, dans un livre, ses exploits de pilote de « Corsair F-4 U » (*2) et ceux de la fameuse escadrille des « Black Sheep » (« Les moutons noirs »), au cours de la seconde guerre mondiale dans les îles du Pacifique.

Robert CONRAD

La télévision s'empara de ces exploits pour commencer à tourner, en 1976, le célèbre feuilleton « Les têtes brûlées » (*3) dans lequel l'acteur Robert CONRAD jouait le rôle de « Pappy » BOYINGTON .

Nous avions donc déjà, deux « Pappy » BOYINGTON » : le vrai, prénommé Grégory et l'acteur, Robert CONRAD, héros de feuilleton télévisé : le « faux » étant probablement beaucoup plus connu que le vrai !


En septembre 1996, les membres d' « Air Souris Set » qui étaient présents au premier rassemblement national de l'association à CHAMPLEMY (Nièvre), ont eu le privilège de faire la connaissance d'un personnage extraordinaire : Louis DEVALLERIE, que nous avons alors spontanément et malicieusement baptisé : « Papy (*1) BOYINGTON.
Ce troisième « Papy » BOYINGTON, le nôtre, est incontestablement beaucoup moins belliqueux que le vrai, beaucoup moins connu que le second, mais il gagne incontestablement à être connu !
Pour nos jeunes adhérents, pour tous ceux qui n'ont pas encore la chance de connaître notre « Papy »BOYINGTON », et pour tous ceux qui ne disposent pas du Bulletin N° 7 (mai 1997) dans lequel nous le présentions et dans lequel il se présentait lui-même (rubrique « ki-é-ki-é-ki-fé-koi ») (*4), je vais vous parler un peu de notre ami Louis DEVALLERIE, alias « Papy » BOYINGTON , membre d'honneur de l'Association « Air Souris Set » depuis 1996 !
D'abord, c'est un vrai « papy » : songez qu'en septembre 1996, Louis avait 84 ans révolus ! Il nous avait gentiment accueillis sur son propre terrain, à CHAMPLEMY. Il n'était pas arrivé en JEEP sur la piste, à l'instar du « Pappy » du feuilleton, mais beaucoup plus paisiblement (aucun hurlement de pneus !) dans un antique break AMI 6 (ce véhicule roulait parfaitement 1996, je suppose qu'il continue à rouler en 2008 !).
Notre héros n'était pas revêtu de la combinaison de vol du corps des « Marines », le jeune homme de 84 ans qui sortit de son véhicule pour nous souhaiter la bienvenue, était tout simplement en costume de ville avec sur la tête un superbe « panama » ! Et, immédiatement, nous avons tous été conquis par la gentillesse, l'amabilité et les connaissances aéronautiques de notre hôte.
Louis DEVALLERIE nous montra le superbe « Bébé Jodel » qu'il avait construit lui-même, une fois à la retraite, de 1984 à 1986 : en 1996, cet appareil avait effectivement 10 ans et déjà plus de 400 heures de vol !


Jodel D18

Il sortit du coffre de son « Ami 6 » quelques pièces du « Jodel D 18 » qu'il avait, tout simplement, commencé à construire, ce qui nous a tous « soufflés » car nous pensions à la célèbre phrase de La Fontaine quelque peu modifiée : « Passe encore de planter, mais construire (un avion !) à cet âge ! ». Notre ami Louis nous donnait alors une extraordinaire leçon de jeunesse d'esprit.

Jodel D18

Nous avons eu en 2003 d'excellentes nouvelles de notre « Papy BOYINGTON » : à 91 ans révolus, il continuait à piloter son « Bébé Jodel », son « Jodel D18 » était pratiquement terminé : il râlait bien un peu parce que quelques uns de ses amis (sous-traitants !) traînaient un peu pour lui livrer les quelques pièces qu'il n'avait pu réaliser lui même !

Bernard DELAFOULHOUZE ( 15 06 2008)

(*1) sur les documents américains, « PAPPY » est orthographié avec deux P ! J'ai donc conservé cette orthographe quand il s'agit de « Pappy BOYINGTON », le vrai ou celui du feuilleton télévisé. Par contre, pour désigner notre « Papy BOYINGTON », j'ai conservé l'orthographe « franglaise » avec un sel P !
(*2) La véritable histoire de Grégory « Pappy » BOYINGTON a été mise en ligne sur « Halo-Souris ».
(*3) Voir fichier « Les Têtes brulées », mis en ligne sur « Halo-Souris ».
(* 4) Voir fiche « ki-é-ki-é-ki-fé-koi » Louis DEVALLERIE, mise en ligne sur « Halo-Souris »


Bébé Jodel

Le Bébé-JODEL de notre « Papy BOYINGTON », à l'origine immatriculé avion sous le N° : « F-PYSR », est identifié désormais sous le N° « 58 FG »,
En 2002, Papy a fait classer son bébé JODEL avion en ULM, sans difficulté.
Effectivement, le « 58 FG » décroche à 50 km/h au badin soit 55 km réels !

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