Antenne 2 et TF1 ont diffusé, le 24 décembre 2007, un mini-reportage relatant le premier vol d'un avion à moteur électrique baptisée « Electra », vol qui a eu lieu le 23 décembre 2007, sur l'aérodrome d'ASPRES-sur-BUËCH ( Hautes Alpes).
Ce vol est quasiment une première mondiale et l'équipe talentueuse de l'APAME a donc damé le pion à d'autres organismes qui disposent cependant de moyens financiers considérables et qui cherchent, comme l'APAME, à promouvoir la conception, la construction et l'utilisation d'aéronefs à motorisation électrique.
Le BL 1E ELECTRA n'est autre que la magnifique Souricette construite par Anne VANDAMME . Il s'agit d'un monoplace bois et toile, auparavant équipé d'un moteur à explosion 2 Temps de 18 CV (JPX D320). Sa masse à vide sans motorisation est de 115 kg. C'est un appareil répondant à la réglementation avion dite CNRA (Certificat de Navigabilité Restreint d'Aéronef), immatriculé F-WMDJ.
L'équipe d'ingénieurs de l'APAME a installé sur cette Souricette, un GMP électrique, (moteur de 25 CV / hélice bi-pale Airplast / Batteries au Lithium-polymère / jauges indiquant le niveau de décharge des batteries ). L'installation a été testée au sol et l'administration a donné, fin décembre 2007, son aval pour réaliser les premiers vols d'essais. C'est le GSAC (Groupement pour la Sécurité de l'Aviation Civile) qui a effectué la visite avant le premier vol de l'ELECTRA, cette visite est obligatoire avant le premier vol de n'importe quel avion.
Les premiers essais en vol étaient prévus fin 2007 : ils ont eu lieu, avec succès, le 23 décembre, beau cadeau de Noël pour toute l'équipe de l'APAME !
Ce vol de 48 minutes sur plus de 50 km en circuit fermé
constitue véritablement une première mondiale.
Michel BARRY, le concepteur de la Souricette, avait donné son accord pour ce projet de motorisation électrique ( voir plus loin : « Attestation, avis et accord de Michel Barry concernant le projet CNRA de Souricette électrique de Mme Anne LAVRAND » et Michel a été associé au succès comme en témoigne, le message ci-dessous .
Message du 24/12/07 09:46 : de : « ACV Anne LAVRAND » à Michel BARRY.
Objet : Souricette Electrique
Bonjour Michel,
Elle a volé ! Et un super beau vol de 48 minutes, car nous avons eu la chance que tout fonctionne bien et que la météo soit au rendez-vous.
Un très très grand merci pour ta participation et tes actos qui ont permis ce vol.
Joyeux Noël et grosses bises!
Anne
D'après Christian VANDAMME, ingénieur d'essais, qui pilotait l'ELECTRA, le 23 décembre, il faut compter actuellement 1 kg de batterie pour 1 minute de vol, décollage compris; le pas de l'hélice n'est pas encore optimisé.
Sous le moteur de l'ELECTRA, il y avait 11 kg de batterie et 36 kg derrière le pilote pour le vol de 48 minutes.
Cette avancée technologique exceptionnelle dans le secteur de l'aviation de loisir devrait permettre dans un proche avenir de proposer une alternative sans précédent aux actuels moteurs thermiques pour les aéronefs nécessitant une puissance de 15 à 50 CV.
Ce vol inscrit la motorisation électrique pour avions légers dans un cadre de développement durable et de maîtrise des coûts d'énergie.
Préambule :
Je connais bien la Souricette CNRA n°192 immatriculée F-PMDJ. Mme Lavrand l'a construite dans le respect complet de ma liasse. Elle avait à l'époque apporté une modification dans la disposition des commandes de vol. Cette modification avait fait l'objet d'une étude complète qui m'avait été soumise et qui avait obtenu mon approbation. Elle consistait à reporter les commandes de vol (le manche) entre les jambes du pilote alors que sur la liasse elles sont disposées latéralement sur le côté droit du fuselage. Ensuite les essais en vol de l'appareil équipé du petit moteur JPX 320 (18 cv) se sont déroulés avec succès et ils ont montré la parfaite aptitude de la machine à servir de plateforme d'essais pour une motorisation électrique de puissance voisine (20 à 25 cv) de celle du JPX 320.
L' appareil transformé, à GMP électrique :
Les modifications apportées au F-PMDJ devenu F-WMDJ peuvent avoir une influence sur :
1. La structure de l'appareil
2. La vie à bord
3. Les qualités de vol
1 / La structure de l'appareil :
La masse maximale sera identique à celle de l'appareil initial donc il n'y a pas lieu de modifier les éléments de structure qui participent à la résistance aux efforts subis en vol (longerons, caissons de torsion, haubans, commandes de vol. etc). Seule la concentration des masses des accumulateurs électriques derrière le pilote impose le renfort de la cabine afin que l'ensemble résiste à un choc frontal de 9g comme stipulé dans l'item CS-VLA 561 (b)(2) choisi comme référence de certification. Le montage décrit par Mme Lavrand satisfait bien cette exigence de sécurité passive.
De même la fixation du nouveau moteur électrique a été revue et étudiée. Sa masse plus faible que celle du JPX 320, son couple identique, la quasi-absence de vibrations, permettent d'affirmer que la cloison pare-feu est suffisamment résistante pour accueillir le nouveau GMP.
2 / La vie à bord:
La présence d'accumulateurs électriques peut générer des gaz toxiques que la disposition très aérée du fuselage évacuera sans difficulté. Les risques de surintensité doivent faire l'objet d'un contrôle et d'une protection afin d'éviter les trop fortes températures dans les conducteurs qui alimentent le moteur. Mme Lavrand a procédé à une étude complète concernant le contrôle et la distribution de l'électricité de puissance.
3 / Les qualités de vol:
L'appareil n'a subi aucune modification (masses, centrage) susceptible de dégrader sa manoeuvrabilité et ses qualités de vol en général.
L'éventualité de la panne du GMP doit être envisagée comme avec n'importe quel moteur à la fiabilité moins grande que celle d'un moteur certifié. En conséquence les procédures et les trajectoires des vols d'essais doivent être prévues afin qu'à tout instant la panne totale puisse permettre à l'appareil de rejoindre, dans l'axe en dessous de 200 m et dans son cône de finesse au dessus de 200 m, un terrain « vachable ».
Rappelons que le MB 02 par ses qualités voilières proches de celles d'un petit moto-planeur et grâce aussi à sa faible charge alaire se prête parfaitement à cette utilisation.
Seul point critique : il faudra vérifier que la panne GMP ne libère pas l'hélice au point de lui permettre de tourner en moulinet ce qui poserait des problèmes de contrôle en tangage et en lacet par dés-alimentation aérodynamique des empennages.
Mon accord :
Les trois points précédents ont fait l'objet d'une étude et ont trouvé des solutions parfaitement conformes aux exigences et à l'esprit d'un CNRA.
Compte tenu des compétences de Mme Lavrand et de son entourage, au vu de nos discussions récentes, au vu des éléments techniques qui m'ont été transmis, je donne un avis très favorable à ce projet et mon accord complet pour que le MB 02 devienne le
BL 1E (Barry Lavrand.Electrique).
Je donne aussi mon autorisation pour que mon dossier technique de référence, corrigé des modifications nécessaires à la motorisation électrique, soit présenté à la DGAC et serve éventuellement à d'autres constructions semblables si les essais en vol sont satisfaisants.
Michel Barry, concepteur du MB 02 « Souricette » ( 4 décembre 2007)
Avion BL 1E "ELECTRA" immatriculé F-WMDJ
Il s'agit à l'origine de l'appareil MB02 « Souricette » construit par Anne Lavrand sous le régime CNRA, et équipé pour cette occasion d'un groupe motopropulseur électrique développé dans le cadre des travaux de l'APAME. Ce projet a été mené avec l'accord de Michel Barry, concepteur de la Souricette.
Caractéristiques de l'appareil :
Monoplace
Envergure : 9 m
Longueur : 7 m
Masse à vide sans motorisation : 115 kg
Masse maxi autorisée au décollage : 265 kg
Vitesse de croisière : 90 km/h
Finesse : 13
Construction type bois et toile
Groupe motopropulseur électrique :
Moteur à courant continu type « brush » industriel de 18 kW (25 cv)
Electronique de puissance développée spécifiquement pour cette utilisation
Batteries Lithium - Polymère (masse totale : 47 kg)
Hélice à pas réglable au sol ARPLAST adaptée à cette motorisation
Tableau de bord, commande de puissance, bâti-moteur, flasque moteur, etc. développés et réalisés spécifiquement pour cet appareil.
Dans cette configuration, l'avion ELECTRA a effectué le 23 décembre 2007 un vol de 48 min, en parcourant environ 50 km en local de l'aérodrome d'Aspres sur Buëch. Les performances ont été établies à vitesse de finesse max (75 km/h).
Le pilote n'a noté aucune différence significative des qualités de vol de l'appareil. L'équipe au sol a observé une réduction notable du bruit généré par le groupe motopropulseur : il devenait possible d'entendre le très léger sifflement aérodynamique induit par la cellule lors de certaines phases de vol.